Il y a une réelle triangulaire entre les enseignants, les éducateurs et les familles pour permettre d’éduquer des jeunes gens posés. Samira RAISSI – enseignante d’histoire géographie.
Un parcours atypique que nous vous faisons découvrir sur https://declicenseignant.fr/. N’hésitez pas à commenter si l’expérience de Samira RAISSI au sein de l’enseignement catholique vous parle !
Quels sont les premiers contacts que vous avez eus pour devenir enseignante-remplaçante ? Comment cela s’est déroulé ?
Pour commencer, mon fils était élève à Saint-Louis d’Enghien-les-Bains 📍 et j’étais membre active de l’APEL (Association des parents d’élèves de l’enseignement libre).
Au sein de l’APEL, j’ai rencontré des mamans de l’école. Notamment Madame BISIG qui lors d’un échange m’a fait part de la possibilité de faire des suppléances (remplacements d’enseignants). Elle travaille au POLE EMPLOI de Montmorency et conjointement avec vous Cassandra 😊. Quel hasard !
J’avais l’image du métier uniquement accessible par le concours de l’enseignement sans l’aspect des remplacements.
Vos contacts m’ont vites était donnés, j’ai participé à une réunion avec vous et vous m’avez fait part de l’accompagnement et de l’accessibilité. Le parcours de formation m’a tout de suite interpellé et rassuré.
La rencontre avec le SAAR :
Le déroulement des échanges a été simple, on est recruté par l’échange sur notre parcours et la connexion avec notre projet.
Je n’ai pas senti la lourdeur d’un système mais au contraire : une simplicité et une écoute. Il faut que cela « match » entre les besoins du diocèse et notre demande. Je vous ai rencontré en juin et j’ai tout de suite eu un poste en septembre. Ce qui est motivant lors d’une prise de poste et changement de carrière. Merci !
Si nous revenons 10 ans auparavant. Pensez-vous vraiment que vous seriez enseignante ?
Oui et non pour être sincère 😊 Transmettre ça a toujours été pour moi un plaisir. J’ai eu une longue expérience en formatrice adulte dans le tourisme, j’ai eu goût pour cela ! Le seul bémol c’est la notion de challenge et commerciale que l’on a donné à mon premier métier. Mais peu à peu, la dimension « business » s’est effacée de mes envies. Le goût de la transmission a augmenté. C’est un entonnoir et si je fais le focus sur mon essentiel, la transmission et l’échange est ce qui me plaisait le plus dans mon métier.
Un déjà-là :
Pour faire un retour en arrière, je pense tout naturellement à ma mère qui nous a conseillé d’être enseignante avec mes sœurs pour pouvoir concilier notre rôle de femme et vie professionnelle.
Mais lors de mon adolescence, j’ai voulu faire autre chose (par rébellion ?)Cependant, ma formation universitaire ainsi que celles de mes sœurs ont toujours eu la ligne conductrice de l’enseignement. Je l’avoue j’ai un déjà-là et mon cheminement personnel m’a emmené vers l’enseignement et elle avait raison.
L’enseignement me permet d’être au plus près de ma famille et de garantir un équilibre.
Le choix de l’enseignement catholique était-il un choix ou une opportunité qui s’est présentée ?
Pour moi c’était clairement une évidence, j’ai été une ancienne de l’enseignement catholique (Charles Péguy à PARIS📍). Il y a le savoir et le savoir être à transmettre ! C’est ce qui fait la singularité de l’enseignement catholique. Nous sommes accompagnés dans notre construction en tant qu’individu de n’importe quelle confession à laquelle nous croyons. Il y a une réelle triangulaire entre les enseignants, les éducateurs et les familles pour permettre d’éduquer des jeunes gens posés. La question ne s’est pas posée longtemps, sachant que même mes enfants sont élèves de l’enseignement catholique.
Pouvez-vous nous partager ce que l’on vit dans un établissement privé catholique ? Votre expérience aux Apprentis d’Auteuil 📌
Aux apprentis d’Auteuil, il y a un multiculturalisme et de religion qui constitut une richesse avec une pastorale adaptée. C’est une branche supplémentaire sur lequel s’accrocher. Si on fait le lien avec leurs profils, ce n’est jamais une branche de trop !
Ce qui me parait essentiel, c’est une école où on peut parler de Dieu dans l’acceptation de la diversité de chacun, de la tolérance et de la diversité. En ce moment, rares sont les lieux où nous pouvons le faire ! Je le vis comme cela, je ressens de la fraternité. Je suis musulmane et il y a un respect réel et profond de chacun de nos parcours et croyances. Il y a des propositions et rien n’est imposé. C’est de la découverte, du partage, du cheminement et de la participation. On peut se renseigner et Dieu n’est pas un tabou dans un établissement catholique et c’est ce qui me plait ! Ce sujet est présent avec nous et on prend à la carte ce que l’on a envie de vivre. Cela participe à la formation de nos jeunes.
La fondation des Apprentis d’Auteuil
Aux apprentis d’Auteuil https://www.apprentis-auteuil.org/, il y a un multiculturalisme et de religion qui constitut une richesse avec une pastorale adaptée. C’est une branche supplémentaire sur lequel s’accrocher. Si on fait le lien avec leurs profils, ce n’est jamais une branche de trop ! La chapelle est toujours ouverte, ils prennent quand ils en ont besoin et cela ajoute une pierre à l’édifice.
C’est un accueil, une écoute et il en faut. Nous hébergeons des sœurs présentent sur l’établissement, elles font des activités avec les élèves. De ses activités naissent de la bienveillance, un regard, une présence et une petite main sur l’épaule c’est bien, et elles savent le faire !
Quelles sont vos impressions depuis votre prise de poste ? votre idée de l’enseignement a-t-elle évoluée ?
Le bilan de ces deux années est ultra positif. Je pense avoir acquis des compétences transversales dans les outils pédagogiques et professionnels. Humainement, je me suis enrichie de ses parcours de vies. C’est une expérience extraordinaire dans le sens littéral du terme, peu ordinaire ! Cela m’a fortement secoué mais c’était pour aller chercher au fond de moi des compétences et des savoirs faire dont je n’avais pas conscience et qui ne demandait qu’à s’exprimer. Chacun d’entre eux m’ont rendu meilleur depuis cette prise de poste !
Mon idée a plus qu’évolué, bien évidemment 😊! A l’origine j’avais le sentiment qu’il fallait être expert de sa matière pour pouvoir enseigner. Peut-être par manque d’assurance ?
Bien sûr qu’il faut une base solide mais il faut surtout travailler les outils pédagogiques depuis notre base universitaire. Ce sont les outils qui nous permettent de transmettre et qui peuvent nous permettre de devenir un bon enseignant.
La formation :
Nous nous formons, des boites à outils nous sont proposés dès le premier mois de prise de poste. Comment construire une séance, une petite séquence ? Comment adapter ses apprentissages ? … Cet accompagnement nous permet d’aborder les choses plus sereinement. La clé c’est d’être au service des élèves et leur être utile. Il faut rester sur ce dont ils ont besoins à ce moment pour mener à bien la mission.
Avez-vous rencontré des difficultés particulières lors de votre prise de poste ? Avez-vous eu du soutien (et par qui – un petit clin d’œil) ?
En toute transparence, nous imaginons des élèves « parfaits », sans difficultés relationnelles ou d’apprentissage, … Pour mon expérience cela a été tout l’inverse. Ma première prise de poste a été compliquée, presque violente et m’a posé question. Suis-je capable ? suis-je suffisamment formée ? En ai-je envie ?
Etre écoutée :
Nous ne sommes pas seuls, nous avons des personnes formidables avec une oreille bienveillante. Je me souviens encore de la phrase de Cassandra qui raisonne encore aujourd’hui lors de ma prise de poste c’est :« faites-vous confiance, cela ira progressivement ». Ce que j’apprécie davantage c’est qu’on ne nous dit pas que tout est beau, tout est rose mais qu’avec l’envie tout est possible !
Finalement, je trouve que c’est un luxe de pouvoir se dire qu’aujourd’hui être soi dans un milieu professionnel est possible. Cela fait toute la différence. Nous sommes dans une société de rôle. Chaque matin je me lève en me disant que je vais leur donner le meilleur de moi et sans aucune restriction !
Un partage sur vos réussites personnelles et en classe 😊
Sur cette année scolaire, les 3 choses qui m’ont animé sont les suivantes.
Ma rencontre avec un élève :
J’ai du prendre en charge un adolescent en grande difficulté scolaire dû au fait qu’il était extrêmement introverti, très peu d’échange à l’autre. Tout au long de l’année, j’ai été le cherché il m’a repoussé et peu à peu nous avons instauré une relation de confiance. Il y a 15 jours, il est venu vers moi pour me dire qu’il a écrit une petite nouvelle sur la Première guerre mondiale et que c’était mon cadeau de fin d’année. Quelle réussite et fierté !
Je me suis dis qu’il abordera sa rentrée de septembre plus sereinement, je suis fière de lui et de ce qu’il devient. C’est de l’inattendu et c’est ce qui m’anime !
Une découverte de métier fructueuse :
Une classe de 3ème qui posait soucis sur la gestion de classe. C’est cette classe que j’ai choisi pour mettre en place des ateliers de découverte professionnelle en proposant des rencontres avec des profils en réussite dans leurs domaines ! Ils le méritent et le contexte sanitaire ne permettait pas de les faire rencontrer ses personnes. J’ai pris le temps de leur expliquer que j’hésitais et que je prenais un risque d’organiser cette rencontre avec des chefs de cuisines hautement étoilé, des directeurs, directeurs handisport, … Je leur ai dit que c’était un engagement que je prenais pour eux. Le résultat que j’ai obtenu, ce sont des élèves ultra motivés, irréprochables, investis dans le projet et dont je suis hyper fière 😊 ! Mais quand on explique les choses aux élèves cela passe toujours mieux !
« Je me mouille pour vous. Mais ne me grillez pas ! 😊».
L’oral du brevet :
J’ai plusieurs de mes élèves qui avait la possibilité pour l’oral du brevet de présenter un stage ou un EPI, certains ont choisi de présenter les rencontres professionnelles. Ils ont fait le choix en recommençant. Ils ont apprécié ce que je leur ai proposé.
Je me sens utile et je suis prête à dupliquer ce projet dans d’autres établissements. Humainement j’ai besoin de ça !
Une recommandation pour vos futurs collègues ?
De la cohésion, du partage entre équipe de collègues.
Pour se mettre en démarche et partager pour nos élèves, le savoir-être démarre par nous ! Nous devons le faire ensemble.
Nous regardons ensemble dans la même direction pour un esprit d’équipe novateur.
Il faut prendre plaisir.
La bienveillance pour nos élèves est primordiale. Cette bienveillance doit être partagée entre collègues. Et le mot d’ordre « faites-vous confiance » Je reprends votre expression Cassandra !
Avez-vous des envies d’évolution ?
Afin de parfaire ma formation, je souhaite m’orienter vers un public plus « ordinaire ». Ceci pour un objectif à moyen terme : l’obtention du concours. Nous avons une formation en continu de qualité qui est chouette quand on est suppléant ! Cela me rassure dans mon choix d’orientation vers le concours.
Un super moment d’échange partagé avec Madame RAISSI lors de cette interview. Je vous laisse découvrir son parcours dans la vidéo réalisée avec nos enseignants du diocèse :
Découvrez-les articles dédiés à cette vidéo 👇 :
https://declicenseignant.fr/notre-tournage-du-25-mai-2021/
https://declicenseignant.fr/mettre-en-lien-pour-une-generation-qui-partage/
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